Toutes les météorites sont précieuses !

La carbonée SAH99544 :

SAHARA 99544

Les météorites avec le préfixe "SAHARA" sont presque déjà devenues historiques ! En effet, ces premières découvertes de la fin des années 1990 faites dans le désert allaient bientôt engendrer la nouvelle dénomination "NWA".

SAHARA 99544 a été découverte en 1999 dans le désert du Sahara par le célèbre chasseur de météorites français « Luc LABENNE », accompagné dans cette expédition par son frère Jim, ainsi que par leur père. La découverte se caratérise par une unique pierre de 1360 grammes (photo ci-dessus). Elle a été classée par l'Institut de Planétologie de Münster en Allemagne comme étant une chondrite carbonée CO3, puis publiée en 2000 dans le Metbull N°84.

Plaque fine polie de 41,5 grammes (8 x 6 x 0.3 cm)

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=23063

Les chondrites de type CO sont nommées d’après la première chute du genre, celle d’Ornans, dans le département du Doubs (France), le 11 juillet 1868. Le peintre Gustave Courbet, originaire de cette ville, a transporté lui-même une partie de cette météorite pour la confier au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Il est intéressant de noter que la météorite d’Ornans ne ressemble pas du tout aux autres membres de sa classe ! En effet, elle possède une couleur matricielle « gris souris » au lieu du noir prononcé rencontré couramment. Très friable, elle se réduit facilement en poudre, alors que les CO sont au contraire usuellement des roches plutôt solides. Malgré la rareté de ce groupe, les CO ont une deuxième représentante française, la météorite de Lancé, tombée presque 5 ans jour pour jour après celle d’Ornans.

Les CO, toutes de type pétrologique 3, semblent présenter de grandes affinités chimiques avec les CV (et parfois avec les CK), malgré une structure macroscopique très différente. Elles montrent aussi un contenu en fer à l’état métallique plus haut que celui des CV, d’où une zone de formation probablement différente dans la nébuleuse solaire primitive.

 

La très primitive CHWICHIYA 002 :

 

Accompagné de ses amis marocains, Jean REDELSPERGER a eu la chance de pouvoir aller sur le terrain et d’enregistrer le point GPS qui a servi pour la classification de cette météorite exceptionnelle.

Pour rappel, Chwichiya 002 a été découverte au Maroc en 2018 dans le Sahara occidental, près du village de Haouza, et dans une zone de concentration appelée "Chwichiya".

CHWICHIYA 002

Découverte le 10 juin 2018 dans le Nord-Ouest de l'Afrique près du village de Haouza, au Maroc, cette météorite exceptionnelle constituée de nombreux fragments et petites pierres complètes s'est avérée être une chondrite carbonée "C3.00 Ungrouped". Un type ultra rare et primitif qui diffère de la vingtaine d'autres chondrites carbonées C3 déjà connues. Cette roche n'a subi aucune phase hydratée et aucun échauffement avant son expulsion du corps parent. C'est un échantillon intact de la nébuleuse de gaz et de poussières à l'origine de notre système solaire ! Les célèbres négociants, chasseurs et collectionneurs de météorites Mohamed Elguirah, Nourddine Azelmat, Habib Naji et Youssef Ait El Caid ont pu chacun en acquérir et se partager quelques lots avant de les revendre. On remarquera qu'en 2020, cette même météorite a déjà fait l'objet de 3 classifications distinctes, et ce, uniquement par des négociants français. C'est normal. Pour vendre aux collectionneurs des météorites aussi rares à un tel prix, il faut être sûr de ce que l'on propose !

Le poids des spécimens constituant NWA 12957 est de seulement 43 grammes. Classée en janvier 2020 par le CEREGE via Isabelle POTHIER, NWA 12957 est appariée à la météorite Chwichiya 002 (PT=779 g) classée en février 2020 cette fois via Jean REDELSPERGER & Nourddine AZELMAT. Et ces 2 météorites seraient peut-être rattachées et appariées à une petite pierre, NWA 11750 (8,5 g) donnée gracieusement au CEREGE dans sa totalité par Pierre-Marie PELE. Elle serait la toute première pierre de cette chute à avoir été analysée et classée en avril 2018. Pierre-Marie PELE l'avait acheté au Maroc deux ans plus tôt. C'était peut-être là, les prémices de la découverte des autres pierres qui allait suivre sur le terrain en juin 2018.

Bref, aujourd'hui rapidement diffusée dans les collections, retenons que cette rare matière carbonée "C3.00 Ung" n'est représentée à ce jour dans les collections (printemps 2022) que par moins de 900 grammes en poids total.

VOIR AUSSI L'ONGLET "Zoom : Chwichiya 002"

Fragment avec croûte de fusion de 13,3 grammes

MERCI A JEAN REDELSPERGER !

(Voir à la page 19 mes deux autres spécimens appariés en collection)

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=69684

INFO MARS 2022 : Les laboratoires du Dept. of Earth & Space Sciences, University of Washington, Seattle, WA, USA (irvingaj@uw.edu); CNRS, Aix-Marseille Université, IRD, INRAE, CEREGE, Aix-en-Provence, France; Institute of Meteoritics, University of New Mexico, Albuquerque, NM, USA; 4Dept. of Earth & Planetary Sciences, Washington University, St. Louis, MO, USA, ont déterminé une nouvelle classe de météorites carbonées.

Cette nouvelle classe de météorite est appelée CT3.
Chwichiya 002 en fera partie avec Telakoast 001, Cimarron, NWA 6862, NWA 8781 (found near Foum Zguid, Morocco), NWA 12416, NWA 12957, NWA 13671, NWA 13984, NWA 14051, NWA 14139, NWA 14179, NWA 14200.

http://www.meteoritestudies.com/protected_CHWICHIY.HTM

https://www.hou.usra.edu/meetings/lpsc2022/pdf/2046.pdf

 

 

La chondrite NWA 7337 :

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NWA 7337

Deux lots identiques d’un peu plus d’un kilo chacun ont été achetés par Fabien KUNTZ et Jean REDELSPERGER vers 2013. Une des pierres de F. KUNTZ pesant 86 grammes fut utilisée pour obtenir la classification. Il s'agit d’une chondrite LL4 très bréchique (Metbull N°102 de septembre 2015). Toutes les pierres auraient été découvertes dans une petite ellipse de chute située en Mauritanie.

En ce mois de juin 2022, je viens d’acquérir deux superbes spécimens auprès du négociant français Jean REDELSPERGER, dont un de 60 grammes orienté (photo du haut). En effet, la pierre a conservé une parfaite orientation lors de sa chute, lui faisant prendre cette forme conique. Malheureusement, elle s'est cassée sans doute en heurtant le sol, lui faisant perdre un bon quart de sa masse. Des fissures et lignes de fracture sur la cassure traversent la matrice vers l'intérieur depuis le point d'impact en surface (non visible sur la photo).

La seconde pierre de 72 grammes a une forme plus ordinaire. Les deux pierres présentent une très jolie croûte de fusion craquelée qui est typiquement dûe à un refroidissement rapide après la traversée en trombe de l’atmosphère terrestre.

Pierre orientée (cassée) de 60 grammes et pierre complète de 72 grammes

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?sea=NWA+7337&sfor=names&ants=&nwas=&falls=&valids=&stype=contains&lrec=50&map=ge&browse=&country=All&srt=name&categ=All&mblist=All&rect=&phot=&strewn=&snew=0&pnt=Normal%20table&code=55672

 

La météorite TIMSOURT :

TIMSOURT

En avril 2022, j'ai pu acquérir cette météorite assez fraîche (W1-2) qui a été immédiatement décrite comme étant une chondrite L6 dès juillet 2022 par le laboratoire français CEREGE basé à Aix en Provence.

La pierre qui faisait initialement un peu plus de 2,2 Kg a été découverte par un berger en juillet 2021 dans une zone désertique au sud-est de Tiznit, au Maroc. Les coordonnées GPS communiquées par celui-ci sont : 29°12'05"N - 9°38'15"W.

Un angle a été coupé afin de pouvoir procéder à l'analyse et à la classification de la météorite. La pierre est anguleuse et ressemble à un pavé parisien, bien qu'émoussée par sa traversée de l'atmosphère. La croûte de fusion est d'ailleurs très bien conservée.

Pierre complète de 2148 grammes avec une large fenêtre polie

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?sea=Timsourt&sfor=names&ants=&nwas=&falls=&valids=&stype=contains&lrec=50&map=ge&browse=&country=All&srt=name&categ=All&mblist=All&rect=&phot=&strewn=&snew=0&pnt=Normal%20table&code=79282

 

 

L'enstatite EL3-6 "Al Haggounia 001" :

AL HAGGOUNIA 001

La météorite Al Haggounia 001 a été découverte pour la première fois au Sahara Occidental en 1999 près d'Al Haggounia. Des parties de la météorite ont été excavées sous un lac salé asséché et plusieurs morceaux ont même été trouvés « incrustés » dans la roche terrestre. Les scientifiques estiment que la météorite est tombée à la fin du Quaternaire, il y a 23.000 ans, ce qui en fait une exceptionnelle météorite "fossile".

Il y a eu un débat sur la classification d'Al Haggounia qui fût initialement classée en Aubrite. En 2016, la météorite a été reclassée par le Dr Alan Rubin de l'Université de Californie à Los Angeles, comme une ancienne roche fondue de type "enstatite EL3-6 melt rock". La météorite est donc une chondrite à enstatite à faible teneur en fer, un type rare de météorite qui, selon l'analyse spectrale, pourrait provenir de l'astéroïde 16 Psyché. Il lui manque une teneur significative en oxygène, ce qui suggère que des enstatites de ce type pourraient s'être formées près du centre de la nébuleuse solaire à l’origine de notre système solaire.

Pauvres en fer, les spécimens de cette météorite se distinguent par leurs gros chondres et la variété de leurs stades d'altération. Certaines pièces sont de couleur brun foncé et arborent des veines d'argile beiges, tandis que les spécimens qui ont subi moins d'altération sont de couleur gris bleuâtre (voir ma pièce page 2).

L'ellipse de chute s'est avéré mesurer plus de 40 Km de long ! Au fil des ans et des prospections, au moins 3 tonnes de fragments allant de quelques grammes à près de 50 Kg ont été découverts. Al Haggounia 001 est appariée aux NWA 002 (1ère trace de sa classification en 1999) - 1067 - 2736 - 2965 et 7401 (voir les deux autres pièces en collection pages 2 & 14).

Mon spécimen a été découvert par Hammo OUALGUIRAH, un très célèbre chasseur de météorites marocain habitant Agadir (il a trouvé lui-même de petits fragments de la rare Chwichiya 002). Sur la photo ci-dessus prise en 2018, il sort de son sac rempli de trouvailles la pierre de 214 grammes encore très ensablée qui allait devenir mienne 4 ans plus tard !

Fragment brut pesant 214 grammes tel qu'il fut rammassé au sol

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=44857

 

 

La Nakhlite NWA 10153 :

NWA 10153

Ce spécimen est apparié à la NWA10153, premier fragment de 119 g découvert en 2014.

Par la suite, d'autres pièces identiques semblent avoir été ramassées sur le même point de chute à la frontière Algérie/Mauritanie. Qualifiées d'appariées, elles ont été baptisées NWA 10645, 10659, 10720 et 11013. L'ensemble représente un poids total de l'ordre de 1174 g.

Il s'agit d'une très rare météorite d'origine martienne classée "Nakhlite". A ce jour (février 2022), seulement 27 météorites de ce type sont connues, et ceci en comptant les NWA appariées et les trouvailles en Antarctique !

Fragment interne de 3 grammes

(Voir les 2 autres pièces de cette chute en collection aux pages 2 & 3 ainsi que l'onglet "Zoom")

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=61813

LES NAKHLITES et la géologie martienne

Mars est aujourd’hui une planète froide, sèche et géologiquement morte, mais cela n’a pas toujours été le cas. Il y a des milliards d’années, Mars a en effet connu une importante activité volcanique, ce qui a entraîné la formation de gigantesque volcans comme le Mont Olympe (le plus grand volcan du système solaire). Des météorites martiennes retrouvées sur Terre permettent aujourd’hui de mieux comprendre ce passé géologique.

Sur Terre, c’est la tectonique des plaques qui mène les débats. Sur Mars, l’activité volcanique est le résultat de panaches qui émanent du manteau. Ces derniers remontent profondément depuis les entrailles de la planète et repoussent alors la surface fraîche et statique vers le haut. C’est pourquoi les volcans martiens sont très grands. Le Mont Olympe n’est pas seulement le plus grand volcan de Mars, c’est également le plus grand du système solaire avec ses 22 kilomètres de haut. L’Everest fait pâle figure à côté. Pour tenter d’en savoir plus sur le passé géologique de la planète, des chercheurs de l’Université de Glasgow (Ecosse) ont alors analysé des échantillons de roches martiennes venues s’abattre sur Terre. Certaines roches martiennes, victimes d’impacts d’astéroïdes, finissent parfois par atterrir sur notre planète. 

Pour les besoins de leur étude, les chercheurs ont utilisé des techniques de datation radioscopique, couramment utilisées pour déterminer l’âge et le taux d’éruption des volcans sur Terre. Les six échantillons choisis ne sont autres que des nakhlites, une classe de météorite martienne formée à partir du magma basaltique il y a environ 1,3 milliard d’années. Analysant ces roches, l’équipe a ainsi pu découvrir 90 millions d’années d’histoire volcanique sur Mars. Les analyses ont suggéré des différences significatives dans l’histoire volcanique entre la Terre et Mars. Comme l’expliquait le Dr Cohen en 2017 :

«  Nous avons constaté que les nakhlites s’étaient formées à partir d’au moins quatre éruptions sur un intervalle de 90 millions d’années. C’est très long pour un volcan, beaucoup plus long que les volcans terrestres qui ne sont généralement actifs que pendant quelques millions d’années. Et l’on ne gratte ici que la surface du volcan, car seule une très petite quantité de roche s’est vue éjectée du cratère d’impact. Le volcan devait donc être actif depuis bien plus longtemps ». Par ailleurs, l’équipe a également pu déterminer la provenance de leurs échantillons de roches, à savoir quels volcans étaient impliqués. Tous sont situés dans un cratère particulier actuellement sans nom situé dans les plaines volcaniques connues sous le nom d’Elysium Planitia, à environ 900 km d’Elysium Mons, un volcan de 12,6 kilomètres de haut.

Les images satellites du cratère ont notamment révélé plusieurs bandes horizontales sur les parois – ce qui indique que les roches forment des couches, chaque couche étant interprétée comme une coulée de lave séparée. À l’avenir, les retours d’échantillons des futures missions ne manqueront pas de clarifier ce passé géologique. De quoi améliorer notre compréhension de la formation des planètes rocheuses du Système Solaire. Plus nous serons à même de comprendre l’histoire volcanique de Mars, plus nous en saurons davantage sur la formation et l’évolution du Système Solaire.

 

 

La Winonaite NWA 13790 :

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NWA 13790

Découverte dans le Nord-Ouest de l'Afrique en 2020 (sans doute l'Algérie), il s'agit d'une rare achondrite winonaite.

La négociante française Isabelle POTHIER a pu en acquérir quelques beaux spécimens à la mi-août 2021. Je me souviens que dans les années 1990, les winonaites étaient difficiles à trouver et de toute façon inaccessibles en prix. Grâce à ces quelques trouvailles récentes dans le Sahara, c'est l'occasion pour les collectionneurs d'acquérir enfin un beau spécimen de ce type rare.

Remarquez la veine de fer sur ce spécimen, également visible depuis l'extérieur.

(Voir mes autres pièces pages 22 & 26)

Talon de 25,6 grammes avec veine de fer

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=73951

A noter que d'autres classifications ont été faites pour des pierres similaires durant le 1er semestre 2021 : NWA 13679 & 13917 par exemple.

 

ORIGINE DE LA FAMILLE DES WINONAITES :

Tout a commencé avec une météorite découverte en 1928 à moins d’un kilomètre au sud-est de Winona (Coconino County, Arizona, USA). Il s’agissait en fait de 24 Kg de fragments très altérés. Ils ont été baptisés WINONA et classés en « achondrite Winonaite », une nouvelle famille d’achondrite primitive.

Pour la petite histoire… Une masse altérée a été retirée d'une urne funéraire enterrée dans les ruines de l'Elden Pueblo. La masse s'est brisée en plusieurs fragments lors de son enlèvement car son fer métallique et plusieurs autres minéraux riches en fer avaient été largement oxydés. Très vite cependant, cet assemblage de matériaux assez curieux - riche en pyroxène, en enstatite et en olivine, accompagné de fer métallique et de troïlite - a été considéré comme modèle afin de créer un nouveau groupe géochimique de météorite qui fut baptisé « les Winonaites ». Ce petit groupe de météorites est à peu près de composition chondritique, avec des silicates réduits très similaires à ceux des chondrites de type Kakangari (K).

En août 2021, on comptait 46 météorites Winonaites répertoriées hors Antarctique dans le Metbull, bien que cette liste comprenne sans doute plusieurs pierres appariées provenant d'Afrique du Nord-Ouest (NWA).

Même si quelques chondres reliques ont apparemment été trouvés dans quelques Winonaites, elles sont classées en achondrites car leur texture dominante est celle d’une roche ayant fondu. Leurs rapports isotopiques de l'oxygène, et d'autres caractéristiques, indiquent également une relation étroite avec les fers IAB avec inclusions de silicates. Alors qu’une douzaine de Winonaites sont connus avec des masses supérieures à 1 Kg (mi 2021), Winona est de loin la plus grosse. Et ceci sans compter le fait que la météorite Winona ait perdu une fraction importante de sa masse à cause des processus d'altération.

Une seule petite chute du type Winonaite est connue : Pontlyfni, Angleterre, 1931. Cependant, la météorite de Winona avait déjà été établie comme « la référence », bien avant que les similitudes géochimiques et minéralogiques avec la chute observée Pontlyfni ne soient largement reconnues. Winona est donc l'un des rares noms éponymes de météorite dont la chute n'ait pas été observée.

Dans la météorite de Winona se trouvent des lithologies à gros grains et des lithologies à grains plus fins dont les proportions minérales variables peuvent expliquer certaines différences d'abondance. On trouve encore du fer Fe-Ni et de la troïlite dans les veines résiduelles, mais la détermination des quantités originales de fer Fe-Ni et de troïlite à partir des résidus et des produits d'altération rend toute estimation quantitative de la minéralogie originale de la météorite quelque peu problématique.

La météorite Winona reste néanmoins un modèle utile de comparaison pour ce groupe d'achondrites primitives. Cependant, il est particulièrement important de compléter les recherches avec les informations supplémentaires fournies par la découverte d’autres spécimens, souvent plus petits mais moins altérés tel que NWA 13790.

 

 

L'achondrite Ureilite LAHMADA 048 :

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LAHMADA 048

Une petite pierre de seulement 59 grammes a été découverte le 23 septembre 2020 par Brahim Elguirah dans le Sahara Occidental marocain, dans une zone de concentration appelée « Lahmada ».

Analysée, puis classée par le CEREGE, il s’agit d’une achondrite ureilite qui contient certainement beaucoup de diamants au vu des difficultés à la couper. Les diamants de quelques micromètres de diamètre, sont le résultat d’ondes de choc à haute pression produites par la collision du corps parent des ureilites avec d’autres astéroïdes.

Talon mince de 23,3 grammes (masse principale)

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=73911

Avec à la fois, flashs et booms supersoniques, ce sont trois pierres d'une même météorite qui, en ce 4 septembre 1886, s'abattent près de la rivière Alatry dans ce qui est maintenant la République de Mordova, en Russie. Une seule pierre a été conservée, pesant 1,9 kg, et baptisée "Novo Urei". Novo-Urei est la première des six chutes d'Uréilite observées à ce jour (janvier 2020). Jusqu'à la récente chute d'Almahata Sitta en 2008 (voir page 6), Novo-Urei était la chute d'Uréilite la plus massive connue. Près de 630 autres Uréilites ont été découvertes par des chasseurs de météorites à travers divers grands déserts de la planète (à décembre 2021).

La chute de "Novo Urei" a donné son nom à cette classe d’achondrite primitive.
L'âge de formation des uréilites est de l'ordre de 4,5 milliards d’années, mais elles ont subit des remaniements jusqu’à il y a 4 milliards d’années. Leur matrice est riche en graphite, nano-diamants et londsdalite, dont le rapport isotopique de l’oxygène est proche de celui des chondrites carbonées CM, CV et CR. Le diamant qu'elles contiennent en grande quantité les rend donc très difficile à couper et à polir. 

 

 

L'eucrite de Libye "NEA 037" :

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Northeast Africa 037 (NEA 037)

Découverte en Libye en 2021, il s'agit d'une achondrite eucrite non bréchique de la famille des HED et originaire de l'astéroïde Vesta. La négociante française Isabelle POTHIER a acheté le lot de 9 pierres pesant 614 grammes. Elles sont toutes couvertes d'une croûte de fusion fraîche avec pour certaines de belles lignes de fuite.

Pierre quasi complète de 94,2 grammes

(Voir mes autres pièces pages 26, 27 & 28)

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=78207

 

 

 

 

 

La pallasite du Kenya SERICHO :

SERICHO
En 2016, deux frères étaient à la recherche de leurs chameaux et sont tombés sur plusieurs grosses pierres, très denses, à l'ouest du village de Habaswein, au sud de Sericheo, au Kenya. Il n'y a pas de roches dans cette zone, alors ils ont pensé que c'était des météorites. Durant des semaines, Ils ont ensuite ramassé des centaines de spécimens avec des véhicules pour les stocker à leur domicile, à Habaswein. Les masses étaient en réalité connues des bergers de chameaux depuis des décennies. Un aîné du village a raconté qu'étant enfant, lui et ses frères jouaient avec les pierres. Au début du mois de janvier 2017, Michael Farmer a reçu un courriel avec une photo d'une pièce pesant 107 kg. Il a voyagé à Nairobi et a acheté cette pierre. Deux semaines plus tard, il retourna au Kenya avec Moritz Karl et se rendit à Habaswein. Là, on leur a montré plus d'une tonne de spécimens empilés dans les cours de deux maisons. Les deux collectionneurs ont évidemment acheté tout ce qu'ils trouvaient...
À ce jour (printemps 2022), plusieurs gros négociants à travers la planète parlent d'un poids total dépassant désormais largement les 3 tonnes, découverts dans une ellipse de chute longue de 45 Km, débutant à quelques km à l'ouest de Habaswein et jusqu'au sud de Sericheo, dans le comté de Isiolo. Les plus petits morceaux ont été trouvés plus près de Habaswein, mais toujours dans le comté de Isiolo. Le filon sur place semble épuisé et les prix ont bien augmenté... Pour rappel, des spécimens comme celui-ci pouvaient être achetés directement sur place par les collectionneurs pour 0,3 à 0,5 €/g il y a seulement 4 ans !... (Voir page 9).

Et bien, trouver de la SERICHO à ce prix là, c'est terminé. La manne continue à disparaître doucement dans les collections, et elle aura fait le bonheur de milliers d'entre nous. Avec une quinzaine de kilos exposés dans mes vitrines, je suis de ceux-là !
Les pallasites sont les plus belles météorites car elles contiennent des cristaux gemmes d'olivine. Ce sont des brèches d'impact constituées des fragments internes d'un astéroïde détruit par une collision.

Superbe fragment complet de 1337 g

(Merci à Jérémy BASSEMON, ex négociant, qui quitte aussi le monde des collectionneurs de météorites et me revend cette pièce)

La genèse des pallasites fait intervenir une collision entre un corps céleste contenant déjà un noyau de fer et de nickel liquide et un autre objet de plus grande taille. L’alliage de Fe-Ni se serait alors injecté dans le manteau minéralogiquement proche des péridotites terrestres du plus grand astre, percolant entre des grains d’olivine avant de se refroidir et de se solidifier.

https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/physique-meteorite-fin-mystere-origine-pallasites-42766/

 

 

La magnifique pallasite ESQUEL :

ESQUEL

Esquel est une météorite trouvée près d'Esquel, une ville de Patagonie dans la partie nord-ouest de la province de Chubut en Argentine (Amérique du Sud). Il s'agit d'une pallasite, un type de météorite mêlant roche et fer qui, lorsqu'elle est taillée et polie, présente des cristaux d'olivine gemmes translucides (péridot).

La petite histoire : En 1951, un fermier a découvert une météorite de 755 Kg dans un endroit inconnu près d'Esquel en creusant un trou pour un réservoir d'eau. La météorite a ensuite été achetée au fermier et emmenée aux États-Unis en 1992 par l'expert en météorite Robert HAAG. Depuis, débitée en petites tranches, la pallasite Esquel est mondialement connue des collectionneurs et de la communauté scientifique. En effet, cette météorite est considérée comme l'une des plus belles jamais trouvées. Elle est aujourd’hui l'une des pallasites les plus recherchés par les collectionneurs, d’autant que son fer est très stable contrairement à d’autres.

Plaque polie de 14 grammes