J. B. BIOT & la météorite de L'AIGLE (Orne)
Jean-Baptiste Biot (né le 21 avril 1774 à Paris – mort le 3 février 1862 à Paris, 5e) est un physicien, astronome et mathématicien français, pionnier de l'utilisation de la lumière polarisée pour l'étude des solutions.
C'est vers l'enseignement que Biot oriente sa carrière après ses études d'ingénieur. Il devient professeur de mathématiques à l'École centrale du département de l'Oise à Beauvais en mars 1797, poste qu'il occupe durant 4 ans, et publie le contenu de ses leçons destinées aux candidats à l’École polytechnique en 1802 (Essai de géométrie analytique : appliquée aux courbes et aux surfaces du second ordre). Grâce à l'appui de Laplace, il est nommé en novembre 1800, âgé de 26 ans, professeur de physique mathématique au Collège de France, succédant à Jacques Antoine Joseph Cousin, démissionnaire. Il enseigne à l'Athénée de Paris de 1803 à 1806. Nommé premier titulaire de la chaire d'astronomie de la faculté des sciences de Paris le 18 avril 1809, il devient docteur ès sciences par collation le 5 août de la même année. Il est entre 1816 et 1826 chargé de la moitié du cours de physique pour l'acoustique, le magnétisme et l'optique, Gay-Lussac, titulaire de la chaire de physique, enseignant la chaleur, les gaz, l'hygrométrie, l'électricité et le galvanisme.
Biot est chargé de plusieurs missions scientifiques, en particulier en tant qu'astronome-adjoint (1806) puis titulaire (1825) du Bureau des longitudes. En juin 1803, à la demande du ministre de l'Intérieur Chaptal, il se rend à L'Aigle (Orne), où une météorite était tombée le 26 avril 1803, et fait un rapport considéré comme la première preuve de l'origine non terrestre des météorites. Il fait, à la demande de l'Institut de France, en 1804 une périlleuse ascension aérostatique avec Gay-Lussac, à l'altitude de 13 000 pieds (environ 4 000 mètres), afin d'étudier les caractéristiques magnétiques, électriques et chimiques de l'atmosphère. En août 1806 il est chargé par le Bureau des longitudes, conjointement avec Arago, secrétaire du Bureau, de continuer la mesure d'un arc de méridien en France et en Espagne commencée par Pierre Méchain. En août 1808 il est chargé par le Bureau, conjointement avec Claude-Louis Mathieu, de déterminer la longueur du pendule à Bordeaux. Une mission similaire lui est confiée en 1817 pour la mesure du pendule en Écosse et aux Îles Shetland, puis en Illyrie et aux Îles Baléares en 1824-25. En 1817, il est envoyé avec Arago à Dunkerque pour déterminer la latitude, concurremment avec une commission anglaise.
Il est rappelé aux fonctions de professeur d'astronomie en mars 1826 et c'est Claude Pouillet qui reprend ses enseignements pour le cours de physique. Il est doyen de la Faculté des sciences de Paris à partir de 1840, succédant à Louis Jacques Thénard. Il est mis à la retraite comme professeur de la faculté des sciences en 1849 et y est nommé professeur honoraire.
LA CHUTE DE LA METEORITE DE L'AIGLE
Le mardi 26 avril 1803, vers 13 heures, tombent dans la région de L'Aigle (Normandie, France) près de 3000 fragments d'une météorite. Le citoyen Marais relate ce phénomène dans une lettre écrite à un de ses amis qui fut communiquée à l'Institut, et ensuite publiée dans le Journal de Physique.
« Mardi dernier, 6 floréal (26 avril 1803), entre une et deux heures de l’après-midi, nous fûmes surpris par un roulement semblable au tonnerre : nous sortîmes et fûmes surpris de voir l'atmosphère assez nette, à quelques petits nuages près. Mais la surprise fut bien autre lorsqu'on apprit qu'il était tombé de ce nuage, des pierres très grosses et en grande quantité, parmi lesquelles il y en avait de dix, onze et jusqu'à dix-sept livres. Chacun dans le pays est curieux d'en posséder une, ou un morceau, comme étant un objet de curiosité. Les plus grosses ont été lancées si violemment, quelles sont entrées dans la terre au moins à un pied de profondeur. Elles sont noires extérieurement et grisâtres intérieurement. Il semble qu'il y ait dedans une espèce de métal. »
Le ministre de l'Intérieur, Jean-Antoine Chaptal, désigne le jeune astronome Jean-Baptiste Biot pour enquêter à l'Aigle et dans la région afin d'établir « les preuves morales et physiques de la chute de pierres du 6 floréal ». Jean-Baptiste Biot quitte Paris le 26 juin 1803. Accompagné par un guide, il enquête pendant plusieurs semaines dans la région de L'Aigle. Il rédige un rapport minutieux (première carte précise d’un champ de dispersion de météorites, analyse chimique de plusieurs échantillons de la pluie météoritique, recueil de témoignages) présenté le 18 juillet 1803 à l'Académie des Sciences de Paris, ce qui marque le début réel des études scientifiques des météorites.
Jean-Baptiste Biot y présente deux preuves :
Preuve physique : chute soudaine de deux à trois mille pierres se ressemblant malgré leur champ de dispersion sur environ 10 kilomètres de long et 4 de large, et n'ayant aucun rapport avec le terrain sur lequel elles sont collectées.
Preuve morale : étude sociologique des témoignages concordants émanant de plus de vingt hameaux.
La météorite a été classée en chondrite L6. Le poids total de la chute est de l'ordre de 37 Kg. La majorité des pierres et fragments de la météorite de L'Aigle sont conservés au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Cette météorite est devenue un véritable monument. Elle est très difficile aujourd'hui à trouver sur le marché, qui plus est, à un prix abordable...
Petit documentaire, avec reconstitution : https://www.youtube.com/watch?v=fAM6qLfYHsQ
Je me suis rendu sur place pour la première fois avec d'autres collectionneurs au printemps 1993. Nous avions arpenté les lieux célèbres dans l'ellipse de chute où furent récoltées les milliers de pierres. J'y suis retourné en pélerinage 25 ans plus tard (printemps 2018 - photo), avec toujours autant d'émotion.
VOIR MES TRES PETITES PIECES EN COLLECTION PAGES 11 & 12
La quasi totalité de la chute de L'AIGLE est conservée au Museum d'Histoire Naturelle de Paris