Toutes les météorites sont précieuses !
NWA 16630
Découverte en février 2023 dans la région de Ouargla (Algérie, Afrique du Nord-Ouest) d'après le revendeur marocain, il s'agit d'une chondrite carbonée CK3 (analyses et classification faites en janvier 2024 via le CEREGE).
La petite histoire : Servant d'intermédiaire dans cette affaire pour un revendeur marocain, Jérémy BASSEMON a pu importer en avril 2023 un lot complet de pierres, toutes d'aspect identique, pour un poids total de l'ordre de 1,9 Kg. Dans ce lot, deux masses principales de 370 et 424 grammes contrastaient avec de petites pierres et fragments d'un poids inférieur à 85 g. Lorsque Jérémy m'a présenté cet ensemble en mai 2023, je lui ai immédiatement acheté la plus grosse pierre, juste avant qu'une grosse partie du lot (près de 1,1 Kg) ne soit définitivement acquis par des revendeurs de Cavaillon (Eclectic-Art)...
A l'initiative de ces derniers, leur lot a été classé en janvier 2024 (NWA 16387). Quant à mon spécimen, il a son propre nom depuis avril 2024 car il a fait l'objet d'une classification à part. Ceci à l'initiative de Jérémy BASSEMON qui s'était finalement porté acquéreur des 800 grammes restant dont faisait partie ma pierre.
Pierre complète à 80% pesant 424 grammes
En janvier 2024, une première classification a été faite pour une grosse partie du lot (1079g) :
En avril 2024, une seconde classification a été faite pour la partie restante du lot (800g) d'où est issue ma pierre :
NWA 15175
Découverte en 2021 dans la région de Erg Chech en Algérie, cette météorite vient d'être classée chondrite carbonée CR2. Un type rare car en ce début 2023, seules une centaine de météorites classées CR2 ont été recensées (hors Antarctique).
Voir mon autre pièce de 31,4 g à la page 25.
Pierre complète de 13,4 grammes
https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=79247
Les chondrites carbonées de type CR doivent leur nom à la météorite de Renazzo tombée en Italie le 15 janvier 1824. Ce sont des chondrites riches en métal réparti dans une matrice carbonée et hydratée servant de ciment à des chondres primitifs qui constituent la lithologie principale. On peut occasionnellement trouver dans certaines CR de petites sphérules de métal identiques à celles qui caractérisent les Bencubbinites. Les CR sont d’ailleurs très proches des chondrites CH et CB.
TARDA
Pierre complète à 80% pesant 9,8 grammes
Le mardi 25 août 2020, vers 14h30, heure marocaine, une boule de feu a été largement observée par les habitants du sud du Maroc d'Alnif, Zagora, Tazarine et Rich. La trajectoire de la boule de feu allait du SW au NE. Une recherche a été immédiatement entreprise par les riverains et les chasseurs de météorites entre Goulmima et Errachidia. Des centaines de personnes ont commencé à chercher le jour même, et le premier morceau a été trouvé dès le lendemain de la chute par Alalou Youssef près de son village de Tarda. L'emplacement de la chute est traversé par la route nationale reliant Ouarzazate à Errachidia, et en raison de la facilité d'accès, des milliers de personnes se sont rapidement rendues dans la région. Les chaînes de télévision nationales Al Oula et 2M ont enregistré l'activité. Une mission de terrain a été organisée sur le site de la chute les 27 et 28 août 2020, avec le Dr Mohamed Aoudjehane, le Pr Faouziya Haissen et le Pr Hasnaa Chennaoui (membres du conseil d'administration de la Fondation ATTARIK), avec le soutien du Pr Hicham Si Mhamdi (Faculté des Sciences, Errachidia), Adam Aaronson et des membres de l'Association Marocaine des Météorites (Ahmed Bouferra, Mohamed et Zaid El Guireh). Plusieurs témoins oculaires jusqu'à 150 km de distance ont été interrogés et ont rapporté avoir vu « une boule de feu jaune vif avec des bords verts. Le météore a été suivi d'une épaisse traînée de fumée blanche qui est restée suspendue pendant plusieurs secondes. La boule de feu a libéré de petits fragments incandescents autour de ses bords, le tout accompagné d'un sifflement, suivi de plusieurs détonations ». Des centaines de petites pierres, pour la plupart complètes, ont été collectées, allant de seulement quelques milligrammes à 99 g. De nombreux morceaux ont été récupérés par des chasseurs à l'aide d'aimants. Le champ éparpillé est long d'environ 3 km et situé à environ 10 km à l'est de Tarda centré à 31,8265°N, 4,6794°W.
Des centaines de pierres avec ou sans croûte de fusion de taille allant de 0,1 g à 99 g ont donc été récoltées, pour un poids total estimé à 4 Kg. La majorité des pierres complètes avec croûte de fusion pèsent moins de 1 g. Certaines pierres orientées montrent une irisation bleue sur leur bord de fuite, similaire à celle observée sur la météorite Aguas Zarcas. A noter que vu leur fragilité, de nombreuses pierres (souvent les plus grosses) se sont brisées lors de l'impact au sol. En effet, cette météorite a une faible densité, elle est assez friable et elle s’avère particulièrement sensible à l'humidité. Il se disait que les pierres fraîchement ramassées avaient une odeur de charbon de bois. Et que de petits fragments broyés dans l'eau dégageaient une puissante odeur de goudron. Ceci est dû à la matière organique qu’elle contient. L'intérieur des pierres est noir mat avec des grains ou clastes dispersés blancs ou de couleur claire (jusqu'à ~ 1 mm de taille).
La météorite a été baptisée TARDA.
Classée comme chondrite carbonée « C2 Ungrouped », Tarda est l'une des météorites les plus primitives et les plus importantes du fait qu'elle conserve en son sein le matériau intact datant de la formation du système solaire remontant à 4,56 milliards d'années. Ce qui en fait une relique de l'âge des planètes naissantes sur laquelle les scientifiques travaillent pour mieux en comprendre les premiers instants.
Des études récentes (2021) suggèrent que Tarda pourrait être un échantillon rare d'un type d'astéroïde sombre et primitif appelé « type D », venant des confins de la ceinture d'astéroïdes (entre Mars et Jupiter) ou d’aussi loin que la ceinture de Kuiper, lieu où les comètes glacées résident au-delà de l'orbite de Neptune. La météorite est riche en molécules organiques (c'est-à-dire en carbone), ce qui, bien qu'il ne s’agisse pas d’une forme de vie réelle, en font les précurseurs et composants de base.
Tarda a donc une signification astrobiologique particulière en ce sens qu'elle est l'une des rares météorites découvertes contenant des acides aminés (des molécules organiques complexes qui sont les éléments constitutifs des protéines de toute vie sur Terre).
Découverts pour la première fois dans la météorite Murchison, tombée en Australie en 1969, les acides aminés contenus dans ces météorites sont des preuves clés que les molécules organiques complexes ne sont pas uniques à la Terre, mais peuvent survivre intactes pendant des milliards d'années dans l'espace au cœur d’astéroïdes, avant de venir s’écraser sur Terre.
Les acides aminés et d'autres composants de Tarda sont encore à l'étude. Jusqu'à présent, elle fait partie d'un groupe tout à fait unique parmi les les chondrites carbonées. En effet, comme les autres météorites inhabituelles contenant des acides aminés, Tarda pourrait détenir des indices importants sur la chimie la plus ancienne qui a finalement conduit à l'origine de la vie. Certains acides aminés extraterrestres sont identiques à ceux de la Terre, tandis que beaucoup ne se trouvent nulle part dans notre biosphère, ce qui les rend uniquement « extra-terrestres ». Beaucoup n'ont d’ailleurs pas encore été entièrement identifiés et nommés. La majorité des acides aminés se présentent sous forme d'images miroir, appelées "gauchers" et "droitiers", mais la raison pour laquelle toute la vie sur Terre utilise exclusivement la version « gaucher » reste un mystère. Les scientifiques postulent que les météorites riches en acides organiques et aminés, dont beaucoup montrent des excès de la variété gauchère, auraient pu ensemencer la Terre avec les molécules nécessaires à la vie il y a plus de 3 milliards d'années à une époque où les planètes et les lunes étaient bombardées par ces astéroïdes carbonées et comètes riches en eau. Les études se poursuivent…
Malgré sa relative petite taille (9,8 grammes), mon échantillon de Tarda est encore plus spécial du fait que sa surface porte des cicatrices révélatrices de son voyage dans l'atmosphère terrestre. Alors que la pierre voyageait à une vitesse de l’ordre de plusieurs kilomètres par seconde, le matériau de surface a fondu et a laissé (après refroidissement) une croûte de fusion, comme le montre l'image. Les météorites que l’on trouve rapidement après leur chute peuvent avoir une croûte préservée comme celle-ci, épargnée des effets du climat et de l'érosion de la Terre.
De plus, l'échantillon présente une cassure dûe à l'impact au sol, et donc une fenêtre sur sa structure interne. On peut facilement y voir la matrice composée des vestiges de matériaux primordiaux datant de l’époque de la création des planètes.
Pierre complète à 80% pesant 9,8 grammes
https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=72644
VOIR AUSSI L'ONGLET "Zoom : TAGISH & TARDA"
NWA 13881
NWA 13881 est une météorite de type chondrite carbonée CV3 qui a été découverte dans le Sahara. Elle a ensuite été proposée à la vente depuis le Maroc par Mohamed Elguirah en 2019. De nombreux fragments ont été ramassés sur le point de chute pour un poids total de 1,6 Kg, le plus gros pesant 660 g. Sa chute remonte certainement à des siècles, mais l’extrême aridité du désert a contribué à sa préservation.
Pour rappel, cette météorite est constituée d'un agrégat contenant un mélange de silicates et de métal (en plus des chondres composés de pyroxène et d'olivine), ainsi que d'inclusions blanches (CAI = Calcium Aluminium Inclusions), le tout englobé dans une matrice qui "cimente" l'ensemble (composée majoritairement de silicates hydratés, de carbonates et de sulfures, mais dans laquelle on peut également retrouver des olivines isolées). Les inclusions réfractaires CAI sont considérées comme les plus vieux objets de notre système solaire, formées il y a 4 567 à 4 571 millions d’années, et ce, à de très hautes températures. Elles renferment beaucoup d'uranium et de thorium.
L’absence de croûte de fusion due à l’érosion terrestre permet d’en apprécier la structure interne. Pas besoin de faire un polissage pour admirer les chondres ! A noter aussi deux belles CAI bien visibles en surface sur la partie supérieure.
Fragment brut de ramassage de 69 grammes
(Voir mon autre pièce de 283g page 26)
https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=74130
NWA 12546
Une pierre unique de seulement 156 grammes a été découverte par Hammo Elguirah dans une partie de l’immense zone de concentration de Chwichiya, au Maroc, en septembre 2018. Elle a été classée en 2019 dans le Metbull comme étant une chondrite LL7. A noter qu’à décembre 2022, seules 85 météorites dans le monde sont classées ainsi !
Cette météorite est très cristallisée et présente une très belle croute de fusion fraîche (W1) avec par endroit de fines lignes de fuite. Il lui a manqué un peu de chaleur pour pouvoir fondre davantage et devenir une "achondrite primitive" !
Talon de 131 grammes (masse principale)
Sayh al Uhaymir 001 (SaU 001)
Sayh al Uhaymir 001 est une météorite assez fraîche (W1) qui a été découverte dans le Sultanat du Oman en mars de l’année 2000. Elle a été initialement classée en chondrite L4/5, puis reclassée en L5 en 2006.
Le poids total ramassé est de l’ordre de 450 Kg mais d’autres pierres ont encore été découvertes par la suite. C’est le cas de la mienne qui fut trouvée lors d’une expédition sur zone en 2011 par le revendeur français Jean REDELSPERGER. La pierre a été coupée en deux par ce dernier, et j'ai pu acquérir en mai 2023 le côté le mieux préservé. La croûte de fusion est vraiment superbe !
L'image du panorama désertique ci-dessus montre la zone où ma météorite a été trouvée par Jean. Une partie de celle-ci était enterrée dans le sable et présentait un dépôt de caliche avec de minuscules grains de sable incrustés. Il faut noter la différence de préservation de l’ensemble de la surface des pierres entre la partie enterrée et la partie exposée. Celle exposée est toujours quasi intacte.
Sayh Al Uhaymir 001 (SaU 001) est l'une des plus grosses chutes de météorites connues du Oman. Avec près de 2700 fragments collectés et cartographiés par des chercheurs Russes, c'est, avec JAH 073, l'un des champs de dispersion les mieux étudiés du désert Omanais. Les emplacements de découverte cartographiés de tous les spécimens de cette météorite montrent un modèle de dispersion elliptique typique indiquant que le bolide initial a voyagé du nord-est au sud-ouest, se brisant en plusieurs étapes sous un angle de l’ordre de 70°.
Demi-pierre avec une large face polie pesant 279 grammes
Dédicace de Jean faite à mon attention lors de l'acquisition de sa trouvaille en mai 2023
LAÂYOUNE 002
Découverte en janvier 2022 près de Laâyoune, au Maroc, il s’agit d’une très belle météorite d’origine lunaire qui est, de plus, très fraîche !
Deux pierres principales de 3680 et 1468 g composent l’essentiel de la chute. De petites pierres et fragments complètent l'ensemble. La météorite a été analysée et classée le 19 mars 2022 par A. Irwing de l’Université de Washington à Seattle (USA).
Fragment avec croûte de fusion de 21,5 grammes
https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=77253
Northeast Africa 037 (NEA 037)
Découverte en Libye en 2021, il s'agit d'une achondrite eucrite non bréchique de la famille des HED et originaire de l'astéroïde Vesta. La négociante française Isabelle POTHIER a acheté le lot de 9 pierres pesant 614 grammes. Elles sont toutes couvertes d'une croûte de fusion fraîche avec pour certaines de belles lignes de fuite.
Talon mince de 83,5 grammes
(voir mes autres pièces pages 24, 26 & 28)
https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=78207
TISSINT
29°28.917’N, 7°36.674’W
Tata, Maroc, tombée le 18 juillet 2011
Météorite martienne Shergottite picritique (roche magmatique riche en olivine)
Vers 2 heures du matin, le 18 juillet 2011, une brillante boule de feu illumine le ciel et est observée par de nombreuses personnes dans la région de «Oued Drâa Valley», à l‘est de Tata, au Maroc. Un témoin, Mr Aznid Lhou, rapporte que la trainée était d’abord de couleur jaune, puis verte, illuminant toute la région. Deux explosions retentissent quelques minutes plus tard. Malgré les recherches dans la région, ce n’est qu’en octobre 2011 que des nomades commencent à trouver près du village de Tissint de jolies petites pierres à la couleur gris/vert, plus ou moins couvertes d'une belle croûte de fusion noire, fraîche et luisante. Très vite, quelques centaines d'autres spécimens sont découverts pour un poids total de l’ordre de 12 kilos, avec une pièce majeure de 987 grammes.
Il s’agit de la 5ème météorite martienne dont on observe la chute !
Une météorite de plus en plus rare sur le marché (début 2023) et devenue très chère au gramme...
Voir mon autre pièce à la page 6.
Fragment interne de 0,7 gramme
https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=54823
NWA 15171
Découverte en 2022 en Algérie, il s’agit d’une mésosidérite qui a été classée le 11 février 2023 dans le Metbull (N°112). Le poids total ramassé sur zone est inférieur à 1,2 Kg, essentiellement en petits fragments.
Elle a été achetée en totalité par Jean REDELSPERGER auprès de Mohamed ELGUIRAH, un négociant marocain bien connu.
Les mésosidérites restent des météorites rares (184 hors Antarctique - mars 2023), surtout dans des tailles intéressantes. En dehors de quelques chutes qui furent abondantes, telle que VACA MUERTA (Chili), ce sont souvent de petites pièces qui circulent. C'est ici l'opportunité d'acquérir un bon morceau de ce type.
Pièce complète de 176 grammes (masse principale)
https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=78801