Toutes les météorites sont précieuses !

L'exceptionnelle carbonée TARDA :

TARDA

TARDA est le nom donné à une météorite tombée au Maroc le 25 août 2020 vers 14h30 en bordure d'une route très fréquentée entre Goulmima et Errachidia. Des milliers de personnes se sont alors précipitées pour chercher les fragments du bolide aperçu dans le ciel quelques heures plus tôt. Dès les premières trouvailles le lendemain, il s’est avéré que c'était sans doute une carbonée d'un type rare. En voyant les photos diffusées sur le net, j’avais d’ailleurs moi-même immédiatement pensé à une C2 au regard de sa ressemblance incroyable avec TAGISH LAKE. Les analyses ont vite confirmé qu’il s’agissait bien d’une "C2 non groupée", un type extrêmement rare de chondrite carbonée parmi les plus primitives ! TAGISH LAKE, tombée en janvier 2000 et qui est donc une météorite du même type, se vend aujourd’hui (2020) autour de 1000 € le gramme !

Et à condition d'en trouver !

 - Pour la petite histoire : la météorite du lac Tagish a été découverte par Jim Brook, un pilote d'avion et guide d'aventures en plein air, qui habite à Atlin dans le nord de la Colombie-Britannique. Les morceaux de météorite récupérés près du lac Tagish sont parmi les mieux préservées jamais trouvés, et ce, en grande partie grâce aux efforts de Jim Brook qui a placé les fragments qu'il a trouvés dans un sac de plastique propre pour ensuite les geler, ce qui a permis de limiter ainsi leur contamination terrestre. Jim Brook a d'abord prêté certains morceaux à des scientifiques américains en 2006, puis il a accepté de vendre la cinquantaine de météorites en sa possession à la communauté scientifique, une collection qui pesait en tout 850 grammes ! Le scientifique Christopher Herd de l'université de l'Alberta a négocié le contrat de vente qui se serait chiffré en centaines de milliers de dollars. Ce montant a été payé par plusieurs agences fédérales, l'Université de l'Alberta, et le Musée royal de l'Ontario -

Grâce à la chute de TARDA, c’est donc une incroyable opportunité qui s'offre pour un temps aux collectionneurs de pouvoir acquérir un fragment de ce rare matériel. Il faut noter que le météore étant très friable, une énorme quantité de tout petits fragments représente l’essentiel de ce qui a été ramassé sur le sol. Les belles pièces avec croûtes sont rares, et malheureusement le poids de l’ensemble de la chute n'est que de 4 Kg. Les analyses isotopiques montrent que certaines pièces ont des valeurs proches des chondrites CI, et d'autres, des valeurs de type Yamato (CY).

Ce type rare de météorite est fondamental pour la compréhension de l’origine de l’eau sur Terre, de celle de la matière organique et de l’histoire de la formation du système solaire. Des travaux de recherche scientifique ont déjà été entamés et promettent des découvertes intéressantes.

Pierre de 7 grammes avec environ 80% de croûte de fusion

VOIR L'ONGLET  "Zoom : TAGISH & TARDA"

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=72644

Les modèles dynamiques de l'évolution du système solaire suggèrent que les astéroïdes de type D se sont formés au-delà de l'orbite de Saturne et représentent des témoins inestimables des conditions qui prévalent dans le système solaire externe. Suite à une caractérisation pétrographique et isotopique complète de la chondrite carbonée Tarda, il a été démontré que celle-ci partage de fortes similitudes avec la chondrite carbonée Tagish Lake, ce qui implique que Tarda représente également un échantillon rare d'astéroïdes de type D. Les météorites Tarda et Tagish Lake se caractérisent par la présence de rares chondres et fragments de chondres. En combinant les résultats avec les données connues sur les chondrites carbonées liées aux astéroïdes de type C, il est démontré que le système solaire externe d’il y a 4,56 milliards d’années était caractérisé par des homogénéités isotopiques d'oxygène à grande échelle, des grains de glace d’eau accrétés par les astéroïdes et du gaz contrôlant la formation de chondres pauvres en FeO. Cependant, la zone dans laquelle les astéroïdes de type D se sont accrétés était considérablement enrichie en deutérium par rapport aux régions de formation des astéroïdes de type C, caractéristiques probablement héritées de matériaux issus directement du nuage ​​moléculaire primitif.

 

 

L'exceptionnelle carbonée NWA 3133 :

NWA 3133

La petite histoire : plusieurs kilos de petites pierres complètes (env. 4 Kg), peu oxydées, denses et brunes ont été achetés en mars et août 2004 à Tagounit par un marchand marocain pour le compte de G. HUPE. La météorite a été analysée en 2005, puis dans un premier temps classée comme étant une "achondrite primitive ungrouped".

Bien que cette météorite ressemble à une achondrite, toutes les compositions isotopiques de l'oxygène se sont avérées être très similaires aux chondrites carbonées CV3, suggérant de fortes affinités avec celles-ci.

En effet, la composition globale de NWA 3133 (et du seul spécimen apparié NWA 2653) est très similaire à celle de la célèbre météorite Allende et des autres chondrites CV3.

Initialement classées en « achondrites primitives », après de nouvelles analyses plus poussées par l’Université de Washington, NWA 2653 et NWA 3133 ont été reclassées durant l'été 2020 en chondrite "CV7", puis une publication a été faite dans le Metbull N°108.

Il n’existe à ce jour (novembre 2022) que ces deux classifications de type CV7 dans les collections mondiales, totalisant seulement 4,24 Kg de ce matériau unique ! A noter que NWA 2653 et NWA 3133 sont appariées et donc une seule et même météorite. Ma pièce provient de la collection de G. HUPE. Un petit lot avait pu être acquis auprès de lui en 2020 par la négociante française Isabelle POTHIER avant sa nouvelle classification (voir photo ci-dessus). J'ai eu la chance de pouvoir en acquérir un spécimen. Le célèbre collectionneur américain Mark LYON a lui aussi certifié l'authenticité de ma pièce.

Pierre complète de 2,9 grammes

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=31258

C’est connu, il existe plusieurs achondrites primitives « inhabituelles » qui ne sont apparemment pas liées aux corps parents des lodranites/acapulcoïtes ou des brachinites. Divnoe et Zag(b), par exemple, sont deux achondrites riches en FeO similaires aux brachinites, mais avec des modèles d'isotopes d'oxygène très différents.

Les spécimens appariés NWA 2653 & 3133 auraient pu être classés en achondrite ungrouped ou comme une simple chondrite L7. Mais les analyses des isotopes de l'oxygène montrent que cette météorite est bien une achondrite primitive dont les isotopes de l'oxygène se tracent sur la ligne de mélange des CV3. Ils peuvent ainsi être considérés comme les représentants d'une différenciation par fusion d'un corps parent carbonée de type CV3 modérément grand. En effet, le corps parent de cette météorite était un objet relativement grand constitué d'une région centrale riche en métaux et silicate, entourée d'un manteau vraisemblablement riche en silicate, recouvert par un régolithe de surface riche en chondres-CAI dont tout ou partie avait été métamorphisé et partiellement fondu pour former une lithologie typiquement appelé dans nos collections "achondrite primitive".

Au fil des ans, ce matériau a donc voyagé dans les collections mondiales et les labos comme étant une achondrite primitive inclassable, une pseudo L7, une métachondrite, une étrange CV3, etc.

À partir du Metbull N°108, et suite à une étude très poussée, la météorite a finalement été établie officiellement comme la toute première chondrite CV7 au monde. Un grand nombre de fragments étant allés à la science (NAU, PSF, UW, UWO, UWS, CIW) pour aider à la comprendre, il ne reste que très peu de matériel disponible pour les collectionneurs. Ce qui la rend d'autant plus chère...

 

 

La carbonée CR2 "NWA 15175" :

NWA 15175

Découverte en 2021 dans la région de Erg Chech en Algérie, cette météorite vient d'être classée chondrite carbonée CR2. Un type rare car en ce début 2023, seules une centaine de météorites classées CR2 ont été recensées (hors Antarctique).

Talon de 31,4 grammes

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=79247

Les chondrites carbonées de type CR doivent leur nom à la météorite de Renazzo tombée en Italie le 15 janvier 1824. Ce sont des chondrites riches en métal réparti dans une matrice carbonée et hydratée servant de ciment à des chondres primitifs qui constituent la lithologie principale. On peut occasionnellement trouver dans certaines CR de petites sphérules de métal identiques à celles qui caractérisent les Bencubbinites. Les CR sont d’ailleurs très proches des chondrites CH et CB.

 

 

La carbonée CO3 "NWA 14805" :

 

NWA 14805

Dix pierres pour un poids total de 481 grammes ont été découvertes en Algérie, en 2021. La négociante française Isabelle POTHIER a pu les acquérir et les a faites analyser et classer par le CEREGE d’Aix en Provence.

Il s’agit d’une chondrite carbonée CO3 publiée dans le Metbull N°111. A noter que seulement 395 météorites de ce type y sont recensées hors Antarctique à octobre 2022.

Un peu de la fragile croûte de fusion est encore visible sur la pierre de 17,7g (photo du haut). La structure interne est visible sur une ancienne cassure de la pierre de 36,4 g (photo du milieu). La surface de cette météorite affiche aujourd'hui une patine éolienne très marquée, bien visible sur mes 3 pierres.

Cliquez sur une image afin de l'agrandir.

Pierre complète de 17,7 g avec un reliquat de croûte de fusion

Pierre quasi complète de 36,4 grammes

Pierre complète de 60,7 grammes

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=77343

 

 

La météorite Al Haggounia 008 :

AL HAGGOUNIA 008

Cette pierre de 2,4 Kg est la masse principale qui caractérise la météorite « Al Haggounia 008 », une chondrite ordinaire de type H5 dont le poids total ramassé sur le point de chute est de 6,270 kg pour 31 pierres et fragments.

Elle a été découverte le 20 décembre 2013 par une équipe de 4 chasseurs de météorites marocains, à 120 km au nord-est de Laayoune dans le Sahara Occidental, dans un endroit appelé Chwichiya (petite chéchia) en référence à la montagne que l’on voit dans cette région en forme de chéchia. Cette zone s’est avérée très riche en météorites, et des types rares y ont même été trouvés.

« Al Haggounia 008 » a été classée le 17 février 2017 (Metbull N°106) par le Département de Géologie de la Faculté des Sciences de l’Université Hassan II à Casablanca (Maroc).

Spécimen complet de 2396 grammes (masse principale)

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=64709

Al Haggounia 008 ... suite :

« Al Haggounia 008 » a été classée le 17 février 2017 (Metbull N°106) par le Département de Géologie de la Faculté des Sciences de l’Université Hassan II à Casablanca (Maroc). Il s'agit d'une chondrite H5 dont le poids total est de 6,270 Kg.

Cette pierre est la plus belle et la mieux préservée des 31 pièces qui ont été découvertes !

Pierre complète de 552 grammes

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=64709

 

 

L'achondrite Ungrouped NWA 13272 :

NWA 13272

Une pierre de 1,6 Kg représentant la masse principale a été découverte en décembre 2019 en Mauritanie (Afrique du nord-ouest) avant que d’autres pierres plus petites appariées soient trouvées dans la même zone. La météorite a été classée le 2 mai 2020 en achondrite Ungrouped (non groupée) par A. Irwing de l’Université de Washington à Seatle, aux USA. Il s’agit d’un type rare d'achondrite.

Certaines météorites de type achondrite ne peuvent donc être classées dans aucune des familles d’achondrites connues. Elles sont par conséquent très rares et ne sont représentées que par un faible nombre de pièces dans les collectionneurs, ce qui rend parfois leur acquisition très difficile et onéreuse. Toutefois, suite à un engouement de plus en plus prononcé pour la recherche des météorites dans le Nord-Ouest du Sahara, des découvertes récentes ces dernières années permettent pour un temps d'en acquérir à prix raisonnable. A noter qu'à l’été 2022, seulement 118 de ces météorites sont classées dans le Metbull. Ces laves astéroïdales ont un intérêt scientifique indéniable et méritent de ce fait toute l’attention du collectionneur. Certaines d’ailleurs, telles que NWA 5363 ou « Erg Chech 002 », se sont vite révélées être extraordinaires (voir pages 4 & 22).

Le spécimen n'a pas de croûte de fusion et est recouvert d'une patine brune brillante dûe au désert. Les surfaces intérieures polies sur quelques pièces en laboratoire révèlent la présence de rares et minuscules grains de métal partiellement altérés (voir le Metbull pour la composition minérale). La patine du temps passé dans le désert est donc bien visible sur toutes les pierres trouvées. La classification indique néanmoins un degré d'oxydation terrestre faible à moyen.

Fragment brut de ramassage de 25,3 grammes

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=72310

 

 

 

L'achondrite Howardite NWA 14804 :

NWA 14804

Découverte en 2021 dans l'Adrar, en Algérie, il s'agit d'une très jolie météorite fraîche classée en achondrite Howardite avec clasts de carbonée CM. Le poids total est de l'ordre de 751 grammes.

La publication officielle dans le Metbull a été faite dans le N°111.

Pierre complète de 50 grammes

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?sea=Howardite&sfor=types&ants=&nwas=&falls=&valids=&stype=exact&lrec=50&map=ge&browse=&country=All&srt=name&categ=All&mblist=All&rect=&phot=&strewn=&snew=0&pnt=Normal%20table&code=78139

 

 

Une autre Howardite fraîche :

Achondrite HED

Découverte en 2017 dans le Nord-Ouest du Sahara en Afrique, cette jolie météorite a été achetée en 2018 par Jean REDELSPERGER à Mohamed ELGUIRAH, un chasseur de météorites marocain. Il pourrait s'agir d'une achondrite Eucrite ou d'une Diogénite, mais c'est plus probablement une achondrite Howardite. En effet, sa structure interne ressemble à certaines Howardites à matrice claire, telle que par exemple NWA 13572. On peut même pousser la comparaison avec cette dernière jusqu'à la caliche orangée qui couvre partiellement à toutes deux leur belle croûte de fusion !... Serait-ce une appariée ? La matrice de cette météorite est aussi très similaire à la chute observée française de 1845 "Le Teilleul" classée en Howardite. Elle appartient dans tous les cas à la famille des HED (voir ci-dessous pour davantage d'informations).

La pierre est très fraîche et la cassure laisse justement entrevoir sa magnifique structure interne riche en inclusions bréchiques diverses. La croûte de fusion est bien noire, fraîche et craquelée, partiellement recouverte de caliche orangée. Et petit bonus, elle est orientée ! La chute ne doit pas être très ancienne et doit remonter à un siècle tout au plus. C’est une très jolie météorite, un superbe échantillon de surface de l’astéroïde VESTA qui orbite très loin de la Terre dans la ceinture d’astéroïdes, entre Mars et Jupiter.

Pierre orientée, complète à 70% pesant 121,6 grammes

Les achondrites HED (Howardites, Eucrites, Diogénites) sont des météorites dites différenciées dans lesquelles les silicates ne coexistent plus avec le ferronickel (ou en quantité négligeable). Elles sont le résultat de la différenciation de matériaux primitifs dans un même corps. Cette séparation a conduit à une nouvelle structure avec un cœur métallique de forte densité (environ 8Kg/L) et une croûte formée de roches magmatiques plus légères (environ 3Kg/L), foyer de production des HED. L’astéroïde qui est la source commune des HED a été identifié : il s’agit de l’astéroïde Vesta (vidéo ci-dessus), situé entre Mars et Jupiter dans la ceinture d’astéroïdes. Il a été observé pour la première fois en 1807 par l’astronome Heinrich Ölbers.

 

 

La sidérite ataxite DRONINO :

DRONINO

Un bloc de fer de 40 kg a été trouvé en juillet 2000 par Monsieur Oleg Gus'kov, un habitant de Moscou, alors qu'il rentrait chez lui après avoir ramassé des champignons près du village de Dronino, dans le district de Riazan (Ex URSS).

Début 2003, il s'est décidé à mener sa trouvaille au "Vernadsky Institute" de Moscou, et le spécimen a été analysé et immédiatement identifié comme étant une météorite de fer rare de type "ataxite non groupée".

Peu de temps après, au cours de l'été 2003, des expéditions scientifiques et des chasseurs de météorites se sont rendus sur place et ont collecté plus de 600 fragments (le plus gros pesant 250 kg) totalisant en tout 3 tonnes. Ces derniers ont tous dû être extraits du sol à des profondeurs variant de 20 cm à 2 m, sur une zone elliptique de 500 mètres de large sur 1500 mètres de long. La distribution des fragments suggère que la météorite a formé un cratère aujourd'hui enfoui qui devait mesurer environ 30 m de diamètre. Ce cratère n’est toutefois pas visible dans la topographie actuelle du site.

Dronino est la deuxième plus importante des 44 météorites de fer récupérées en Ex URSS (2020). Et c’est un type de fer unique. Pour commencer, la structure métallique de la météorite est à grain très fin, sans aucun motif de Widmanstatten ou lignes de Neumann qui caractérisent habituellement la plupart des fers à grain plus grossier. Cela en fait une "ataxite" en termes de texture. Cependant, les ataxites des groupes de fer IVA et IVB ont tendance à avoir des teneurs en nickel beaucoup plus élevées que Dronino. La chimie des oligo-éléments est également distincte. De ce fait, Dronino est aussi répertoriée comme un "fer non groupé" dont l'origine et les affiliations sont actuellement inconnues. Il convient toutefois de noter que le sulfure de fer typique des météorites est la troïlite (FeS), et que c'est bien le cas dans Dronino.

Il n'existe aucun enregistrement historique d'une chute de météorite. Il semble donc probable que la météorite soit tombée avant le 12ème siècle, lorsque la région était en grande partie dépeuplée. Sa richesse en nickel lui a permis de résister à la destruction.

 Fragment complet nettoyé de 85,5 grammes

https://www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php?code=7732